Sentiments primaires

Rites funèbres

Je veux écrire ce soir. Je me force un peu. C’est deux derniers jours ont été intenses en émotion. En tristesse. Entre la mort, toujours présente, le contre coup de l’enterrement, et mon couple qui s’effrite.

Le contre coup de l’enterrement. Les cauchemars. Pas toutes les nuits, mais presque. Je rêve de mort. Je rêve d’enterrement. Je rêve de lui, vivant.

Je vais vous conter le rêve qui m’a le plus choqué jusque là :

"Je suis dans une église, une très vielle église construite à même la roche. On se croirait dans une grotte. Ça ne ressemble en rien à ce que j’ai déjà pu voir. L’endroit est sinistre, mais incroyablement grand et impressionnant, éclairé par des bougies. Une église donc, qui sort de l’ordinaire par son architecture même, mais aussi par quelque chose de bien plus significatif : dans son sol de terre, on y inhume les morts. C’est un endroit dédié à cela. Il y a des monticules de terre partout et des trous… partout.
Ma famille est là, mais pas que. Il y a d’autres gens aussi, qui enterre leur fille, une enfant. Je remarque que le trou est énorme, pour un si petit cercueil.
Nous aussi nous sommes là pour enterrer un proche. Et ce proche, mon père, est là. Comme s’il assistait à ses propres funérailles. Enfin, pas tout à fait… Mon esprit me dit que c’est "son frère", aux traits plus qu’identiques, si ce n’est une pâleur extrême. Mais mon père n’a jamais eu de frère."

D’autres rêve ne traitent pas de la mort à proprement parlé, mais plus de colère. Envers ma tante, notamment. C’est elle qui m’a annoncé la mort de son frère. De la façon la moins douce possible. Alors oui, ce n’était pas une tâche facile pour elle… Elle s’est mise en colère, elle s’est énervée. Oui. Quand j’ai demandé des explication, ce qu’il s’était passé, pourquoi si vite… "Ben voilà c’est tout il est parti, il respirait de moins en moins puis plus rien, qu’est-ce que tu veux que je te dise !!"... Comme si le fait que je demande des explications l’avait saoulé… Alors je lui en veux. Je lui en veux. A ma tata préféré qui ne m’a plus jamais prêté d’importance après le déménagement. Qui n’a rien fait pour me rapprocher d’elle. Qui ne s’est plus occupé de moi après tout ça. Même dans ce moment là tu ne m’a pas materné. Même là tu m’a laissé tomber. "Encaisse, j’ai fait mon job en te l’annonçant". Voilà comment je l’ai pris.

Je suis si seule.

Maintenant que les funérailles sont fini, maintenant que tout le monde est rentré chez soi, à part 1 ou 2 coups de fils d’usage… Plus rien. Je n’ai plus de nouvelle de personne. Comme avant. Tout retombe comme avant. Du côté de ma mère, personne ne se souci de moi. Pourtant, j’ai eu des contacts fréquents avec une de mes tantes et ma grand-mère maternelle. Mais aucunes des deux ne m’a écrit, appelé…

Je dois traverser ça toute seule. Mon mec n’a pas les épaules pour m’aider. Il se voile la face, il se persuade que je ne vais pas si mal que ça. Il ne lit pas mes écrits, il a peur de ce qu’il peut y trouver. Il a peur de la réalité. Il a peur de sa propre impuissance....

A l’heure où j’écris, ça va. Je ne vais pas trop mal, je n’angoisse pas trop. Mais hier…

Je me suis rendue compte que je ne peux plus être confrontée à quelques formes que ce soit de funérailles. Sous peine d’être au bord de la crise d’angoisse. Samedi on a été voir un films au cinéma. Il y avait une scène de funéraille. Dans l’espace. Ça n’a pourtant rien à voir… Mais j’ai était prise de panique. Panique certes contrôlée, mais bien présente. L’angoisse qui monte, le cœur qui s’accélère.

Alors j’ai compris, j’ai compris que j’avais vécu un vrai traumatisme. Le traumatisme de l’enterrement plus que de la mort elle-même. Les cauchemars, les moments de paniques face à des scènes qui ne me faisaient rien avant… Et cette musique, dont j’ai déjà parlé dans un précédant écrit, que je ne peux définitivement plus écouter ! !

Un autre rêve. Un réel foutage de gueule de la part de mon subconscient :

"Je suis en famille, je crois. On discute de choses et d’autres, mais surtout du fait de "faire la fête". On se dit qu’on ne fait jamais ça, et qu’on devrait le faire ! Soudain mon père me demande "pourquoi on ferait la fête ? on a rien à fêter.". Alors je m’entend lui répondre : "Ben je sais pas ! Tiens, on pourrait fêter ta guérison par exemple !" ... "

Ben oui. C’est une évidence.