Seule au monde
Pfff je n’arrive pas à dormir. Enfin… soyons honnête. Je ne veux pas vraiment dormir. Pas du tout même.
Comme toujours, dormir m’angoisse. Ouais, dit comme ça c’est bête… Tout le monde aime dormir d’ordinaire. Enfin… Je crois.
Mais pour moi dormir, c’est arriver à demain. Et j’ai pas envie d’être demain.
Dormir implique de s’endormir. Logique… Mais pendant ce temps, mon cerveau est torturé de mille et une pensées. Angoissantes ou non d’ailleurs.
En ce moment reviens la même chose. En boucle. Cette solitude.
Alors oui, c’est pas nouveau. J’ai déjà écrit mille fois sur le sujet, ici où ailleurs. Mais là… là… Je crois que jamais je me suis rendue compte à quel point j’étais seule, dans cette vie.
Je le répète… J’ai perdu mon père. Même si - et c’est peut-être choquant à lire - ça n’a pas changé grand chose à ma vie, finalement. Comme je l’ai déjà dit, à part incarner la figure suprême de l’autorité, il ne s’est pas vraiment occupé de moi. Il ne m’a pas enseigné grand chose…
Mais malgré tout, cette perte me fait me rendre compte à quel point je suis réellement seule.
Pas un seul coup de fils de ma famille, ou de personne d’autre d’ailleurs. Juste 2 sms, de la part de mon demi frère et de ma cousine. Rien de plus. Le reste… Rien… Personne. Nada.
Ah si, j’ai une une carte de mon cousin. Il m’a présenté ses condoléances et m’a proposé de prendre contact avec lui sur Facebook, car il trouvait ça con qu’on se soit perdu de vue. Ce que j’ai fait, en lui expliquant par la même occasion comment s’est passée mon enfance, sans famille, tout ça. Il a vu le message, mais ne m’a jamais répondu. Ça fait presque 2 semaines maintenant… Je comprend pas.
Alors ouais, je ne suis proche avec personne d’ordinaire, c’est sûr. Mais même là. Même dans un moment pareil… personne ne se soucis de moi. Personne.
Personne ne me demande comment je vais, si je m’en remet… ou pas. Personne.
Comme-ci je n’existais pas…
Ma mère non plus, au fond, ne me le demande jamais. Elle me dit juste qu’elle a réussi à vendre telles ou telles affaires, qui appartenaient à mon père… ouais déjà. Elle perd pas de temps elle, je sais pas comment elle fait. Dès le lendemain de sa mort, elle pensait déjà à tout vendre. Il faut dire que ça l’angoisse pas mal, car il a… avait… beaucoup de chose. Outillages, maquettes, modèles réduits de train et autres… Tout ça en centaine d’exemplaires. Ouais il avait la folie des grandeurs. Ça a toujours été comme ça. Peut-être que lui aussi avait des manques à combler après tout. Comme moi avec ce que j’accumule. Fringues, peluches, bijoux (en toc… je précise). Mais voilà, ils sont là et je les chéris. Lui, tout restait dans des cartons, et nourrissaient un projet qui n’a jamais abouti.
Bref. Tout ça pour dire qu’on ne parle pas de "comment on va". Mais, venant d’elle, c’est pas plus mal. Elle n’est pas réconfortante. Ils sont comme ça de son côté de la famille. Je ne saurais l’expliquer, mais il n’y a pas vraiment de paroles douces où quoi… Je me demande ce qu’elle dirait si je lui parlais de mes cauchemars, de mes angoisses, de ma phobie des enterrements qui est en train de naître… En tout cas, je ne m’attend pas a une oreille attentive… question d’expérience.
J’ai une tante aussi, du côté de ma mère, avec qui j’avais un peu plus de contact. On s’écrivait régulièrement, elle m’a un peu aidé pour mon mémoire de M1, elle m’envoyait un peu d’argent de temps en temps. Et pourtant… là… Rien. Tout ça n’était donc qu’une façade…
Alors voilà. Je ne demande pas vraiment de soutien ou à parler, mais qu’au moins quelqu’un m’appelle et me demande "comment ça va". Qu’on s’inquiète un peu, qu’on s’intéresse. Pas comme si j’étais invisible, insignifiante…
Je ne cherche pas à me plaindre auprès d’eux, j’ai ce journal pour ça x). Mais je sais pas… Que j’ai au moins l’impression d’être un peu entourée…
Mon mec tient pas du tout son rôle. Ou alors il faut batailler à mort. Il me laisse seule quand il ne le faut surtout pas. Il sait pas gérer… J’ai conscience que c’est pas facile mais… s’il le voulait il pourrait faire tellement… Je commence à croire qu’on est pas compatible. Qu’il n’est pas pour moi et que je ne suis pas pour lui… Je suis bien trop névrosée, angoissée… Et lui ne sais pas gérer… Comme quoi il faut bien au minimum 3ans pour bien connaitre quelqu’un, et pour savoir si on peut faire sa vie avec. Chose que je disais il y a encore moins d’un an. Maintenant j’en suis moins sûre. Comment j’aurai pu deviner que je vivrai ce décès, comment j’aurais pu deviner qu’on me laisserai si seule face à ça... ? Et comment j’aurai pu deviner ses réactions... ?
La famille on la choisi pas comme on dit. Mais les amis oui. Mais c’est pareil. Je n’ai pas réellement de soutien en ce moment. Je n’ai qu’une amie, dont j’ai déjà parlé, mais depuis quelques jours elle ne me parle pas beaucoup. Pourtant elle sait que ça va pas fort pour moi. J’ai l’impression qu’elle n’a pas trop envie d’engager un dialogue, quand je vois comment elle me répond depuis 2-3 jours… Elle aussi ça va pas fort je pense. Mais justement ! Qu’on se sert les coudes ! Qu’on se soutienne ! Qu’on essai de penser à autre chose ensemble ! Mais non, elle se renferme… Quand je lui propose de se voir, elle refuse… Alors bon, tant pis… chacun a sa façon de gérer ses soucis après tout.
N’empêche, me voilà encore complètement seule. Malgré l’aide que je suis prête à lui apporter. C’est con… mais c’est le résumé de ma vie. Soit je n’ai pas d’ami, soit ils sont indisponibles quand j’ai le plus besoin d’eux. Ça a toujours été comme ça, aussi loin que je m’en souvienne. Comme une malédiction qui plane au dessus de ma tête.
Et pour la fille que j’ai rencontré sur Instagram et qui habite près de chez moi, elle ne sait parler que d’elle et… d’elle…
Pas de famille, pas d’ami. Tel sera ton fardeau pour la vie !
J’aimerai être assez forte pour les envoyer tous se faire foutre et me suffire à moi-même… Mais parfois je me dis que si je meurs demain, tout le monde s’en foutra…
Et ça m’attriste.