Touch my soul
J’ai changé. J’ai grandi. Je suis différente.
Ma façon d’aborder la dépression, les "coups de blues", n’est plus du tout la même qu’il y a quelques années.
Avant, ado, lors de mes jours sombres d’adolescente malheureuse et mal dans sa peau, ma façon de m’exprimer était bien plus "public".
Comme si montrer aux gens que l’on souffre régalait le problème. Haha, c’est mal connaitre l’être humain.
J’écrivais sur Facebook, j’y publiais mes poèmes tristes, accompagnés d’une photo, de moi ou non, toute aussi triste.
Et tout le monde s’en foutait, au fond.
Ai-je grandi, ou ai-je juste compris ça ? Que les gens n’en n’ont rien à foutre ?
Un peu des deux, il me semble.
Aujourd’hui, peu de gens connaissent cette part sombre en moi. Je pense qu’il faille bien me connaitre pour cela. Et puis, il faut le dire, je suis plutôt "heureuse" dans ma vie, en ce moment. Enfin, disons que j’ai connu bien pire.
Toutefois, j’ai bien du mal à trouver ma place dans ce monde. Ce monde sauvage. Ce monde qui m’angoisse. Cette "jungle humaine". L’humain me fait peur. Le monde, tel qu’il est fait, est effrayant…
Donc cette part sombre est malgré tout, bien alimentée.
J’ai toujours ce besoin d’expression. Ce besoin de mettre des mots sur mon mal-être, sur mes peurs, mes angoisses.
J’ai besoin de leur donner une image. Un son…
Mais désormais, si je publie quelque chose en rapport, que ce soit sur Facebook ou Instagram, ceci se fait de manière bien plus subtile… Pudique.
Je n’ai même plus autant d’inspiration qu’à l’époque.
C’est à la fois bien et à la fois moins bien.
Mais c’est ainsi.
Peut-être y a-t-il une artiste torturée en moi, qui ne demande qu’a créer, qu’a libérer sa créativité afin d’être dénouée de ses chaines, chaines qui lui cisaillent la peau.
Peut-être me hurle-t-elle en silence "écris, dessine, prend ou trouve une photo, qu’importe ! Mais libère-moi de cette emprise, avant qu’elle ne m’emporte dans les abîmes infinies de la dépression !"
Peut-être cherche-t-elle à me punir parfois, de ne pas assez l’écouter, de ne pas savoir l’écouter. Alors, en de très rares fois, depuis des années, un instant de faiblesse fait couler le sang…
Toi… J’ignore vraiment comment t’écouter. Je n’aime pas particulièrement mes dessins ou mes poèmes. Je trouve toujours qu’il ne représentent jamais exactement ce que j’ai voulu en faire.
Pour être "morbide" (ou "mortifère", pour être exact), ils le sont, mais au final, cela n’est qu’un refuge.
La mort. L’idée de la mort.
C’était un bon refuge il y a quelque temps. Souviens-toi. Mais il ne suffisait pas. Au final, ça n’allait pas mieux.
Ce n’est pas la mort qui nous soigne.
C’est la vie.