Sentiments primaires

Morose

Il est l’heure de dormir. Mon corps est fatigué. Et pourtant je lutte. Encore et toujours…

Ma journée a été très mauvaise. Morne. Morose. Au lit, devant l’ordi. Rien de constructif. J’aurai voulu sortir en ville, c’était ce qui était prévu à la base. Et j’en ai été incapable. Une simple mauvaise nouvelle ce matin, m’a coupé toute envie.

Et puis, surtout… Je déteste sortir seule. Ça me déprime. Et pourtant, rester chez moi, seule, me déprime aussi.

Au final, seule la solitude me tient compagnie. Autant dehors que dedans. Sauf que je ne veux pas de sa compagnie.

Je devrais dormir. Mais je ne peux pas. J’ai ce sentiment étrange et affreux. Cette journée (de merde) est terminée. Et j’ai ce sentiment, trop souvent présent, de n’avoir rien accomplis.

Ce qui est le cas...

Alors… Alors c’est comme si je n’avais pas le droit de dormir. C’est comme si je ne le méritais pas.

Demain… Demain sera la même journée qu’aujourd’hui. Je n’ai rien de prévu. Je n’ai eu le courage de rien prévoir. Et je déteste toujours autant sortir seule.

Je déteste prendre les transports en commun seule.

Je n’ai aucune raison de me coucher. Comme je n’ai aucune raison de me lever. Alors, je reste au lit.

Il faut que je me construise un avenir professionnel… Une carrière. Un but. Un gagne pain.

Mais pour l’instant je ne sais pas comment faire.

Je suis inscrite à la Mission Locale des Jeunes. A partir de la semaine prochaine, je rentre dans un programme de formation à l’emploi, histoire de savoir comment se comporter à un entretient d’embauche, etc.

Il va falloir faire du théâtre. Il va falloir parler. Il va falloir rencontrer des gens…

Je sens que tout ceci va m’angoisser… Ça m’angoisse déjà.

En attendant… Mes journées ne servent à rien. Je n’accomplis rien. Je n’ai aucun but.

Ma vie ne sert à rien.

Je ne suis qu’un point noir au milieu de l’obscurité humaine.