Sentiments primaires

Dépressifs

C’est officiel. Mon homme est en dépression.

Ça n’a pas été facile de lui arracher, de lui faire s’en rendre compte, tant d’émotions différentes se mélangent dans sa tête.

Plusieurs causes à cela. Notre isolement, le manque d’ami… Il a toujours été entouré, depuis son plus jeune âge. Mais depuis qu’il a quitté sa ville natale, il s’est retrouvé seul. Et ce n’est pas moi, avec mon fardeau de solitude, qui va lui être d’une grande aide…

Je ne l’empêche pas de se faire des amis pourtant. Mais, en dehors du travail, il est difficile de se faire de nouvelles connaissances… Et puis, il y a la culpabilité. Me laisser seule, alors que lui serai en soirée entre amis, le ferai trop culpabiliser. Et moi… Je ne peux pas nier que ce genre de situation serai très douloureuse. L’associable, pas capable de se faire 2 ou 3 copines, qui passe encore une soirée dans son lit devant l’ordi…
C’est très touchant de sa part de penser à moi avant lui-même, mais nous voilà devant une impasse.

La seule amie que j’ai, je ne peux la voir que rarement. Tant son homme est un élément gênant. Et puis, où trouver d’autres amis ? D’autres personnes avec qui ça collera autant qu’avec elle ? Se faire des connaissances en commun serait une solution, mais le problème reste le même. Je ne sais pas me faire des amis. Je n’arrive pas à trouver les bonnes accroches avec les gens. Avec ou sans lui.

Voilà un premier facteur de dépression. Moi j’ai appris à me suffire de lui seul. Mais pour son cas, c’est bien plus complexe.

Un autre grand soucis anime sa déprime. Et pas des moindres : son ex.

Sa haine, sa rancune. Tout ce qu’il a perdu à cause d’elle. Celle pour qui il a quitté sa ville natale. Celle qui l’a manipulé, brisé; la castratrice, la bipolaire, l’hystérique, la bonne à interner !

Des envies de violence, des envies de meurtre, des envies de brûler sa famille entière !

Voilà ce qui le ronge vraiment depuis presque 4 ans. Voilà seulement qu’il le partage avec moi…

Mais, une chose n’est pas à oublier…

Sans elle, nous ne serions pas là aujourd’hui. Sans elle, nous ne serions pas ensemble. Et oui. C’était une de mes copines du lycée. C’est par son biais qu’on s’est connu, lui et moi. Ainsi, elle est à l’origine de notre couple. De notre amour.
Sans elle, il ne m’aurait pas connu, il n’habiterait pas dans cette nouvelle ville, il n’aurait pas ce boulot qui lui plait tant, nos n’aurions pas cet appartement… Nous n’aurions pas ce train de vie qui nous est confortable et dans lequel on se sent bien.

Mais visiblement, il n’arrive pas à tirer tout le bon de cette mésaventure, malgré toutes nos discutions pour essayer de l’en convaincre. J’aimerai qu’il comprenne qu’elle n’est qu’un passage sombre de sa vie. Que maintenant c’est terminé, qu’elle a été un tremplin vers sa vie actuelle et que désormais, il faut avancer !
Mais la haine le ronge et le détruit. Et notre couple en pâti. Même sans être présente, son influence reste néfaste. Il y a des gens comme ça en ce monde. Des gangrènes qui pourrissent leur entourage, leur environnement. Des halos de noirceur perverse…
Ainsi notre moral est au plus bas, d’autant plus en cette période de fêtes, qu’on passe en solo. Nous sommes deux dépressifs. Moi je le suis déjà par nature, et tout ceci n’arrange rien. L’idée d’un suicide en amoureux nous a ironiquement traversé l’esprit. Notre moral en souffre, notre quotidien, notre sexualité. Toute son influence perfide est encore là. Même après 4 ans.

Je pourrais pourtant jouir de notre belle histoire d’amour, c’est un homme bien et je voudrai aller loin avec lui… Mais au final je paye les pots cassés de cette ancienne relation.

Quand il était au plus mal, je lui ai offert mon toit, de quoi manger, un meilleur environnement pour trouver du travail, ma patience, mon écoute, mes conseils… Mon Amour.

De quoi le rendre mille fois plus heureux qu’avec elle, avec mes petits moyens…

Mais à croire que ça ne suffit pas…